
Ceci est un extrait de mon travail de fin d’études réalisé pour l’Institut Biblique de Bruxelles, sur le sujet des peuples non-atteints.
Un bref survol de la lettre de Paul aux Romains nous permet de nous rendre compte de l’importance de l’activité missionnaire pour le salut des âmes – en particulier ceux qui vivent dans des endroits où ils n’ont pas accès à l’Evangile.
Dans la section 1.18-3.20, Paul met en avant la culpabilité universelle de l’humanité. Dieu a révélé son existence à chaque être humain sur cette terre (1.19-20) – c’est ce que les théologiens appellent la révélation générale. Cependant, les hommes ont rejeté Dieu et ne lui ont pas donné la gloire qu’il méritait en tant que Dieu (1.21). Paul va continuer en démontrant la culpabilité, à la fois des non-juifs, de ceux qui n’ont pas accès à la loi de Dieu, mais aussi des juifs. La conclusion est que le monde entier est reconnu coupable devant Dieu, et fait face à son juste jugement (3.19). C’est pour cela que la colère de Dieu pèse sur cette humanité rebelle – sur chaque être humain sur cette terre qui est encore en Adam (1.18). La lettre aux Romains nous apprend donc que la culpabilité est universelle. Il n’y a pas, sur cette terre, quelqu’un d’innocent, qui n’ait jamais péché. Il n’y a personne – même dans les régions les plus reculées de la terre – qui ait donné à Dieu la gloire qu’il méritait en tant que Dieu. La colère de Dieu qui pèse sur nous, êtres humains, est donc tout à fait juste.
Dans la section 3.21-4.25, Paul va exposer de manière magistrale la solution à cette culpabilité humaine : la foi en la mort propitiatoire de Christ. S’il y a un problème grave qui concerne l’humanité, il y a aussi une solution que Dieu a pourvue. Nous pouvons être « déclarés justes » (3.24) par la foi en Jésus-Christ (3.22). Jésus-Christ a été la victime propitiatoire qui a apaisé la colère de Dieu (3.25), ainsi Dieu peut « être juste tout en déclarant juste celui qui a la foi en Jésus. » (3.26) Dans le chapitre 4, Paul montre que cette justice s’obtient par la foi, et non pas par un autre moyen. Abraham lui-même a été justifié en avance par sa foi en Christ (4.1-5), tout comme David (4.6-8). Ainsi, la solution à la culpabilité universelle décrite en 1.18-3.20 n’est autre que la foi en Jésus-Christ. Tout être humain sur cette terre est sous la colère de Dieu et se dirige vers une punition éternelle, à moins qu’il obtienne le pardon de ses péchés au moyen de la foi en Christ.
Ce survol de la lettre aux Romains n’étant pas exhaustif, nous nous permettons d’aller directement au chapitre 10, où Paul va à nouveau mettre en avant l’importance de la foi. Dans son discours au sujet d’Israël, Paul va, en 10.5-13, montrer la différence entre la justice qui vient de la loi et la justice qui vient de la foi. La justice de la foi est celle que Paul met en avant : il ne faut pas faire pour vivre, mais il faut croire pour vivre. Contrairement à la justice de la loi, la justice de la foi est simple : il suffit de croire pour être sauvé. « En effet, toute personne qui fera appel au nom du Seigneur sera sauvée. » (Romains 10.13) Quelle bonne nouvelle ! Cependant, immédiatement après, Paul s’interroge :
Mais comment donc feront-ils appel à celui en qui ils n’ont pas cru ? Et comment croiront-ils en celui dont ils n’ont pas entendu parler ? Et comment entendront-ils parler de lui, si personne ne l’annonce ? Et comment l’annoncera-t-on, si personne n’est envoyé ? Comme il est écrit : Qu’ils sont beaux les pieds de ceux qui annoncent de bonnes nouvelles ! (Romains 10.14-15)
Ces versets présentent une chaîne logique : pour faire appel au nom du Seigneur, il faut croire en lui. Pour croire en lui, il faut déjà en avoir entendu parler. Pour en avoir entendu parler, il faut que quelqu’un l’ait annoncé. Et pour que quelqu’un l’annonce, il faut qu’il soit préalablement envoyé. Cette « chaîne du salut » fonctionne donc, selon Paul, de la manière suivante :
Quelqu’un est envoyé => Il prêche l’Evangile => Des personnes qui n’en avaient pas entendu parler en entendent parler => Ils croient en ce message => Ils font appel au nom du Seigneur pour être sauvé => Ils sont sauvés
Paul n’est pas en train de dire que tous ceux qui entendront l’Evangile vont forcément croire (cf. son propos dans le verset suivant, v.16). Cependant, ce qu’il affirme c’est que pour que quelqu’un croit, il faut qu’il ait entendu parler. Ces versets mettent en avant la nécessité de la mission – la nécessité de l’annonce de l’Evangile pour le salut. Bien sûr, Dieu est souverain – c’est d’ailleurs ce que Paul a mis en avant en Romains 9 ! Toutefois, ce Dieu souverain a choisi que le salut passe par l’annonce de l’Evangile, par l’annonce du message que Paul a exposé jusque-ici dans la lettre aux Romains.
Si donc nous sommes en train de parler de personnes qui vivent dans des endroits où ils n’ont pas accès à l’Evangile, nous devons, à la lumière de la lettre aux Romains, affirmer les éléments suivants :
- Dieu s’est révélé à eux de manière claire par la création
- Ils ont rejeté Dieu et ne lui ont pas donné la gloire qu’il méritait
- Ils sont donc sous la juste colère de Dieu et font face à son jugement
- En dehors de la foi en Christ, il n’y a pas de moyen de salut promis pour eux [1]
- Pour qu’ils entendent parler de Christ, la solution à leur problème, il faut que quelqu’un leur annonce et soit envoyé
Ces faits mettent en avant l’importance de s’intéresser aux peuples reculés qui n’ont pas accès à l’Evangile. Ils ont le problème, mais pas la solution. Cela ne signifie pas qu’ils sont innocents – la lettre aux Romains est claire sur la culpabilité personnelle et responsable de chaque individu sur cette terre. Parce que Christ est le seul moyen pour eux d’être sauvé, nous voulons alors faire tout notre possible pour qu’ils puissent en entendre parler. Parce qu’il y a des gens qui sont encore morts dans leurs péchés et sans accès à la vérité, nous voulons œuvrer pour qu’ils entendent parler de ce Sauveur dont ils ont tant besoin. L’amour chrétien nous pousse à vouloir annoncer l’Evangile à ces gens – et à faire ce qui est de notre ressort pour qu’ils y aient accès. De plus, nous apprenons par la lettre aux Romains que c’est ainsi que Dieu a choisi que son plan s’accomplisse : au travers de la proclamation humaine de l’Evangile.
Cette raison – l’amour chrétien face à l’enjeu éternel – nous pousse à nous intéresser sérieusement à la question des peuples non-atteints. De tels peuples existent-ils encore ? Que devrait-on comprendre par ce terme ? Ce sont des questions auxquelles nous allons répondre dans notre devoir.
[1] Ce travail ne permet pas de discuter en profondeur de la question du salut des gens qui n’ont pas accès à l’Evangile. Notre conviction à la lumière de l’Ecriture est qu’il n’y a pas de promesse d’un autre moyen de salut, en dehors de la foi personnelle en Christ (cf. Actes 4.12 et Romains 10.14-15), et qu’il ne faudrait donc pas compter là-dessus. Nous ne parlons pas de possibilité, mais bien de promesse. Ce n’est pas que Dieu ne pourrait pas le faire, mais plutôt qu’il n’a pas promis de le faire. En dehors d’un autre éclairage biblique sur ce point, nous disons donc que le seul moyen pour des gens qui n’ont pas accès à l’Evangile d’être sauvé est d’entendre l’Evangile. C’est d’ailleurs ce qui donne lieu à une certaine urgence missionnaire : Christ est le seul moyen pour ces gens d’être sauvé. Affirmer que ceux qui n’ont jamais entendu l’Evangile seront sauvés pour le fait de n’avoir jamais entendu l’Evangile n’a aucune preuve biblique, et aurait par ailleurs des conséquences terribles : la pire chose que nous puissions faire pour ces personnes seraient alors de leur annoncer l’Evangile, parce qu’il y aurait le risque qu’elles le rejettent et se retrouvent alors condamnées ! Toutefois, dans cette discussion, il est bon de se rappeler les paroles de David Platt qui a affirmé : « On peut discuter toute la journée du sort de ceux qui n’ont jamais entendu l’Evangile, mais le but n’est pas de répondre à cette question. Le but c’est d’éliminer cette question. » (Source : visuel Facebook de ToutPourSaGloire.com).
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Merci pour ton article très intéressant.
Cependant, j’ai l’impression de voir une contradiction entre l’idée que l’amour chrétien doit nous rendre compatissant des peuples qui n’entendent pas l’évangile et vont par conséquent en enfer, et l’idée que nous devons nous réjouir de la justice de Dieu, que tu exprimes dans l’article Se réjouir du jugement de Dieu – vraiment ?! (Psaume 75) : “parce que le mal est vraiment mauvais, Asaph peut se réjouir qu’il soit puni. Il célèbre Dieu d’avoir jugé le mal et condamné le pécheur. C’est la seule chose que mérite un pécheur. C’est la seule réponse appropriée face au mal. Nous ne devrions pas nous sentir mal à l’aise en entendant parler du jugement de Dieu, comme si c’était quelque chose d’injuste. C’est au contraire un soulagement de savoir que toutes les atrocités commises sur cette terre sont prises au sérieux, et seront traitées un jour. Le mal que l’on nous a fait sera puni. Les criminels que la justice humaine a laissé échapper seront condamnés.”
Si le jugement de Dieu est bon, il faut le célébrer et non s’en attrister.
Je pense que cette tension est un des éléments qui expliquent la relative faiblesse du calvinisme dans les mouvements d’évangélisation. Quel est ton avis sur la question ?
Bonjour Aurélien,
Merci pour ton commentaire pertinent et désolé de la réponse tardive.
D’abord, je ne pense pas que ce que tu soulèves soit lié au calvinisme, car il n’y a rien de calviniste en soi dans ce que j’ai mis en avant dans ces deux articles. (Concernant le calvinisme et l’évangélisation, voir le bel exemple de Spurgeon ici : https://www.christestmavie.fr/spurgeon-des-predications-qui-appellent-a-la-repentance-et-a-la-foi/.)
Mais je perçois la tension que tu soulèves, en effet. Voici les quelques réflexions qui me viennent à l’esprit :
– Oui, nous voulons que le mal soit puni, que justice soit rendue. Mais nous croyons aussi que Christ, sur la croix, a pris sur lui ce jugement. Donc en partageant l’Evangile à d’autres, nous ne risquons pas de “court-circuiter” la justice de Dieu, bien au contraire. En Jésus, Dieu a pourvu une solution pour justifier ceux qui ne méritent pas de l’être, tout en restant totalement juste (cf. Romains 3.26).
– Ce que je soulignais essentiellement à partir du Psaume 75, c’était le fait que lorsque Dieu juge, ce n’est pas injuste, bien au contraire. C’est entièrement juste, et donc nous pouvons nous réjouir que justice soit rendue, que le mal soit pris au sérieux. Mais je ne crois pas que ceci, ainsi que le Psaume 75 ou d’autres passages qui parlent de ça, implique que nous devions nous satisfaire de cela, ou souhaiter que ça soit le cas à tout pris.
– Au contraire, la compréhension de l’Evangile que la Bible présente nous pousse, inévitablement, à désirer le salut des pécheurs, et à faire tout ce qui est de notre ressort pour que celui-ci ait lieu. Il me semble très clair dans la Bible que nous sommes appelés, aujourd’hui, à investir nos vies pour répandre l’Evangile, afin que des hommes et des femmes de toutes les nations puissent se repentir et croire en Jésus afin d’être sauvés, et d’échapper au jugement qu’ils méritent. Ça aussi, ce sera un sujet de joie !
Je ne sais pas si cela règle totalement la tension, mais en tout cas je ne pense pas qu’il y ait de frein à l’évangélisation si l’on prend ces éléments en question.
N’hésite pas à réagir à nouveau !
En Christ,
Benjamin
Bonjour Benjamin et merci pour ton travail de blogueur !
Surtout d’insister sur l’importance et l’urgence d’annoncer la Bonne nouvelle de l’évangile !
Tu expliques dans l’article « Comment les gens étaient-ils sauvés dans l’Ancien Testament ? » que c’est sur la base de la foi, en vertu du sang de Christ versé à la croix postérieurement et alors même qu’ils n’ont jamais entendu parler du message de l’évangile. (Hébreux 11 : 32-40 , Galates 3 : 8 , …).
Siméon est probablement un de ceux-là, vu la promesse de Dieu et son âge à la naissance de Jésus (Luc 2 : 25-35).
Faisons l’hypothèse que Siméon ait eu un frère jumeau comme lui, « juste et pieux, attendant la consolation d’Israël … ». Supposons qu’il ait vécu rassasié de jours jusqu’après la mort et la résurrection de Jésus, par exemple le lendemain de la Pentecôte. Isolé, il meurt en Egypte où il est resté depuis la persécution d’Hérode et n’a jamais entendu parler du Christ en Israël, de sa mort et de sa résurrection. Est-il perdu ?
Bonjour Pierre,
Merci pour ton commentaire, tes encouragements et la question.
Dans l’article auquel tu fais référence, je pense que mon but était de montrer que le moyen de salut pour les êtres humains a toujours été la foi en la révélation de Dieu, que ça soit pour ceux qui vivent avant Jésus (Abraham, Siméon, cette personne que tu mentionnes) ou pour ceux qui vivent après la venue de Jésus (nous !). Maintenant, cette révélation s’est faite de manière progressive. Les croyants de l’Ancien Testament ne pouvaient pas croire en la mort de Jésus sur la croix – car il n’avait aucune idée de qui Jésus était. Cependant, il avait une révélation suffisante de Dieu, des promesses que Dieu avait faites (que l’on retrouve, dans la Bible, dès Genèse 3.15 !), d’un messie qui allait venir, pour délivrer le peuple et effacer le problème du péché, la malédiction de l’humanité. Plus la révélation biblique avance, plus ces promesses se précisent. Mais du coup, pour chaque être humain pécheur (c’est à dire nous tous, ancien et nouveau testament !), notre seul espoir est de nous confier dans la grâce de Dieu, dans l’intervention miséricordieuse de Dieu. Cette intervention de Dieu, c’est la venue de Jésus sur cette terre, qui a été annoncée bien à l’avance.
Donc, pour en revenir à ta question, si cet homme, comme Siméon, avait placé sa confiance dans ces promesses de Dieu – alors il était au bénéfice, lui aussi, de cette grâce. Même sans avoir entendu parler, en tant que tel, de la mort et de la résurrection de Jésus. C’est également le cas d’Abraham, de Moïse, et de tous les autres croyants de l’Ancien Testament. On pourrait dire qu’ils ont entendu et cru dans l’Evangile, sous la forme à laquelle il était accessible à leur époque (pas aussi développé qu’à l’époque de l’histoire du salut où nous sommes, après la venue de Jésus).
Est-ce que cela répond à ta question ?
Bien fraternellement en Christ,
Benjamin
Merci beaucoup Benjamin pour ta réponse qui éclaire le fond de ta pensée.
Mais tu as écris en synthèse de l’article ci-dessus quelque chose de plus restrictif et qui contredit, me semble-t-il, ta dernière réponse :
« En dehors d’un autre éclairage biblique sur ce point, nous disons donc que le seul moyen pour des gens qui n’ont pas accès à l’Evangile d’être sauvé est d’entendre l’Evangile… Affirmer que ceux qui n’ont jamais entendu l’Evangile seront sauvés pour le fait de n’avoir jamais entendu l’Evangile n’a aucune preuve biblique. »
Cette position a été qualifiée d’exclusivisme de la Bonne Nouvelle. (https://www.leboncombat.fr/quarrivera-t-il-a-ceux-qui-nont-jamais-entendu-levangile/)
Il y a effectivement d’autres éclairages bibliques qui amènent à nuancer cette conclusion. Avec une connaissance globale des Écritures, conviens-tu qu’on ne peut pas affirmer que postérieurement au Christ, aucun humain ne sera sauvé s’il n’a pas entendu distinctement parler de l’Evangile de Jésus ?
Avant la venue de Jésus :
Y a-t-il des hommes (*) qui seront sauvés AVANT la venue de Jésus, sans avoir entendu l’Evangile ?
(*) dans un sens générique bien sûr : hommes , femmes, enfants en âge de responsabilité
Tu expliques que la réponse est OUI dans l’article « Comment les gens étaient-ils sauvés dans l’Ancien Testament ? » Nous sommes bien d’accord : les croyants de l’AT sont sauvés sur la base du sang de Christ, versé à la croix postérieurement à eux et alors même qu’ils n’en ont jamais entendu parler. C’est très clairement leur foi en l’attente d’un Messie sauveur qui les sauve « Tous ceux-là, à la foi desquels il a été rendu témoignage, n’ont pas obtenu ce qui leur était promis… » (Hébreux 11 : 32-40). Au-delà même du peuple juif « l’Ecriture prévoyait que Dieu considérerait les non-Juifs comme justes sur la base de la foi… » (Galates 3 :8)
Après la venue de Jésus :
Y a-t-il des hommes qui seront sauvés APRES la venue de Jésus, sans avoir entendu l’Evangile ?
La réponse est OUI pour la même raison. Pourquoi ?
Le témoignage de la création :
Dieu se révèle progressivement à l’humanité. Tous les hommes de tous les temps ont la possibilité de connaitre le vrai Dieu à partir du témoignage de la création (Psaume 19 :1-4), de le respecter, l’adorer,… ou s’éloigner de lui.
En citant ce psaume, Paul dit que toute l’humanité a pu percevoir le témoignage de la création : « N’ont-ils pas entendu ? Oui, certes, «leur voix est allée par toute la terre, et leurs paroles jusqu’aux extrémités de la terre habitée». (Rom 10:8)
“Depuis la fondation du monde, ce qui ne se peut voir de lui, savoir et sa puissance éternelle et sa divinité, se discerne par le moyen de l’intelligence, par les choses qui sont faites”. (Romains 1:20)
Les témoignages divins :
L’histoire biblique (AT) présente des hommes qui, en dehors de la révélation divine donnée au peuple juif successivement depuis Abraham,… jusqu’au Christ, avaient une certaine connaissance et relation avec Dieu : Job, Melchisédech (Hébreux 7 ), …
Paul dit qu’il y a « des païens, qui n’ont point la loi, et font naturellement ce que prescrit la loi.» (Romains 2 :14)
Jésus, à propos du centurion : « Plusieurs viendront d’Orient et d’Occident, et s’assiéront avec Abraham, Isaac et Jacob dans le royaume des cieux. » (Matthieu 8:11)
Jésus témoigne de la foi d’une femme grecque, d’origine syrophénicienne (Marc 7:25)
Plus tard dans les Actes, Pierre rencontre Corneille un centurion, païen, issu de la culture romaine et pourtant « craignant Dieu avec toute sa maison » (10 :1) … Surprise !
Ceci n’enlève rien à la démonstration générale de Paul en Rom 1:18 et suivants qui montre que les païens, dans leur ensemble, n’ont pas honoré le vrai Dieu et que finalement tous ont besoin d’un sauveur, car tous sont pécheurs (3 :23). Aucune discussion sur l’enchaînement jusqu’à la conclusion. (idem Jean 1,…).
Le témoignage de Jésus le Sauveur du monde :
Paul parle de « temps d’ignorance » où le salut en Jésus n’était pas connu (Actes 17 : 30). On dirait aujourd’hui qu’il s’adresse à des peuples non atteints. Il explique la continuité du message de salut et la révélation progressive de Dieu aux Athéniens en faisant référence à Epiménide (6ème av. J.-C) qu’il cite comme un prophète en Tite 1:12.
Beaucoup de missionnaires pionniers ont rencontré des peuples craignant un Dieu unique et attendant depuis des siècles sa révélation en Jésus le Sauveur du monde. Ils ont vécu à leur tour le livre des Actes.
Don Richardson dans « l’Eternité dans leur cœur » l’a abondamment illustré en étudiant des siècles d’anthropologie très documentés. Postérieurement à la venue de Jésus, il explique comment des peuplades ont recherché Dieu sans avoir sa révélation écrite entre leurs mains, sans connaître son nom. Les Santals en Inde, les Mbakas en RDC, les Karens de Birmanie, … Il l’a expérimenté lui-même comme missionnaire en Nouvelle Guinée.
La situation de ces peuples qui n’ont jamais entendu l’évangile de Jésus est identique à celle des saints de l’AT. Ils ne sont pas responsables de ne pas avoir entendu parler du témoignage de Jésus Sauveur puisqu’ ils n’ont eu de Dieu que le témoignage de la création.
Dieu est juste. Il a créé l’homme responsable de ce qu’il sait, pas de ce qu’il ne sait pas. Il jugera selon les hommes selon leurs œuvres (Rom 2 :5, Apoc 20 :13,…) et non selon le degré de connaissance, n’est-ce pas?
Certains auront eu connaissance de l’évangile, reçu la vie éternelle par grâce, par la foi en Jésus et constitueront l’Eglise, l’épouse de l’Agneau (Apocalypse 19 :6), d’autres feront partie des « bienheureux conviés au banquet des noces de l’Agneau » (Apocalypse 19 :9) dont Jean le baptiseur se décrivait faire partie (Jean 3:29). Certains commentateurs les distinguent même symboliquement dans (Ap 5:8).
En conclusion, si personne ne peut être sauvé sans l’œuvre de Jésus, un faisceau de textes révèle que salut de Dieu est accessible à des personnes, antérieurement et postérieurement au Christ et sur tous les continents, qui n’auront jamais entendu explicitement l’Evangile ou connu personnellement Jésus comme leur sauveur mort à la croix pour leur péché et ressuscité. Cela n’enlève absolument rien à l’urgence missionnaire, ni à saisir toutes les occasions autour de nous, et par toute la Terre, pour annoncer le seul nom par lequel il faille être sauvé (Act 4:12).
Bientôt tous ensemble loueront leur Sauveur et Seigneur !
« Les quatre êtres vivants et les vingt-quatre anciens se prosternèrent devant l’agneau. Chacun tenait une harpe et des coupes d’or remplies de parfums, qui sont les prières des saints, et ils chantaient un cantique nouveau en disant: «Tu es digne de prendre le livre et d’en ouvrir les sceaux, car tu as été offert en sacrifice et tu as racheté pour Dieu par ton sang des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation. Tu as fait d’eux des rois et des prêtres pour notre Dieu, et ils régneront sur la terre.» Je regardai et j’entendis la voix de nombreux anges rassemblés autour du trône, des êtres vivants et des anciens; ils étaient des myriades de myriades et des milliers de milliers. Ils disaient d’une voix forte: «L’Agneau qui a été offert en sacrifice est digne de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l’honneur, la gloire et la louange.» (Apocalypse 5:8-12)
Es-tu d’accord ?
Bonjour Pierre,
Merci pour ta réponse complète et la réflexion sur le sujet. C’est un plaisir d’échanger entre frères en Christ, pour s’aiguiser mutuellement.
Juste pour clarifier, je ne pense pas qu’il y ait de contradiction entre cet article que j’ai écris, et l’autre sur le salut dans l’Ancien Testament. Ce que je veux montrer dans ces deux articles c’est que pour chaque être humain le seul moyen d’être sauvé est la foi dans l’Evangile. Pour nous, aujourd’hui, nous avons la révélation complète de cet Evangile : la mort substitutive de Christ sur la croix, et sa résurrection corporelle. Pour les croyants de l’Ancien Testament, ils n’avaient pas ce mystère encore pleinement dévoilé, et donc pour eux la foi dans cet Evangile voulait dire la foi dans l’état progressif de la révélation de Dieu. Mais toujours, le salut s’est passé au travers de la foi dans ces promesses salvatrices de Dieu, qui ultimement pointent vers Christ (cf. Genèse 3.15, etc.). Est-ce que cela clarifie un peu ma position ?
Maintenant, je reconnais que cette position est exclusiviste et que pas tous les chrétiens y adhèrent. J’ai lu le livre de Don Richardson il y a quelques années, que j’ai trouvé poignant. Je n’ai aucune capacité à évaluer tout ça, ni aucune expérience missionnaire moi-même, donc je ne veux pas m’avancer pour discuter de ce que ces gens ont vécus. Mais je reste quand même convaincu (comme je le mentionne en note de bas de page dans cet article) que, dans l’Ecriture, je ne vois aucune promesse de salut en dehors de la foi personnelle en Christ (cf. Actes 4.12 et Romains 10.14-15). Là encore, cette foi personnelle en Christ est à prendre en compte à la lumière de ce que j’ai dit plus haut, c’est à dire le caractère progressif de la révélation de Dieu. Mais aujourd’hui, cette révélation est complète, et donc c’est au travers de ce message que le salut est possible. C’est d’ailleurs là que se trouve le poids de l’appel de Paul en Romains 10 : comment est-ce qu’ils pourraient croire, sans entendre l’Evangile ?
Effectivement, chaque être humain à chaque époque a accès à la révélation générale de Dieu (Ps 19, Rm 1). Peu importe où il vit dans le monde. Cependant, Romains 1 montre que la réaction des êtres humains à la révélation générale de Dieu n’a pas été l’adoration, mais le rejet. Le rejet de Dieu, l’indépendance, le péché. C’est pour cela que la colère de Dieu se révèle sur tous les êtres humains (cf. Rm 1.18). Aucun être humain sur cette terre, peu importe où il habite, n’est innocent. Tous sont coupables d’avoir rejeté Dieu, et donc sous son juste jugement. Je suis d’accord avec toi quand tu dis : “Dieu est juste. Il a créé l’homme responsable de ce qu’il sait, pas de ce qu’il ne sait pas. Il jugera selon les hommes selon leurs œuvres (Rom 2 :5, Apoc 20 :13,…) et non selon le degré de connaissance, n’est-ce pas?”. Effectivement, ceux qui n’ont pas entendu l’Evangile ne seront pas condamnés parce qu’ils n’ont pas cru en quelqu’un dont ils n’ont jamais entendu parler. Mais ils seront condamnés car ils ont rejeté la révélation de Dieu qui était à leur disposition, volontairement.
Voilà pourquoi l’annonce de l’Evangile est si importante. C’est ce qui donne lieu à l’urgence missionnaire : ils ont le problème, mais pas la solution.
J’espère que ces quelques réflexions aideront à clarifier ma position. Dans tous les cas, je pense que nous sommes tous les deux convaincus du besoin urgent de partager l’Evangile à ce monde qui en a tant besoin, et c’est l’essentiel ! 🙂
Bien fraternellement en Christ,
Benjamin
Merci Benjamin de passer du temps à réfléchir et répondre !
La contradiction que l’on repère n’est pas entre deux de tes articles, mais dans ta réponse à mon commentaire vs l’article.
Tu fais un pas en avant (tu réponds oui au salut possible d’un jumeau hypothétique de Siméon imaginé bien sûr pour illustrer concrètement la question), … puis un pas en arrière en revenant sur les conclusions de l’article (pas de salut possible si l’on n’a pas entendu distinctement le message de l’évangile).
La même question pourrait se poser par exemple si Corneille n’avait jamais rencontré Pierre et était mort sans avoir jamais entendu parler de Jésus et de l’évangile. Aurait-il été perdu ? Oui ou non ?
Ce n’est pas grave d’hésiter.
Mais Pierre dira: «En vérité, je reconnais que Dieu ne fait pas de favoritisme et que dans toute nation celui qui le craint et qui pratique la justice lui est agréable.” (Actes 10:34,35)”
Personnellement je pense qu’il y a le cas général de la démonstration de Paul dans Romains (païens et juifs sont perdus) et les cas particuliers de la grâce de Dieu décrits dans l’AT, et également dans le NT.
Ce qui est encourageant, c’est que chaque humain – où qu’il ait vécu – aura été appelé par Dieu, d’une façon ou d’une autre à se tourner vers lui (Job 33:44). Ce fait divin n’a aucun impact sur l’urgence évangélique et missionnaire de tout disciple de Jésus.
J’arrête l’échange sur le blog.
La surprise se sera pour là-haut !
Merci Benjamin pour tout ce que tu fais, notamment auprès de la jeunesse, pour booster les chrétiens à annoncer l’évangile !
Bien fraternellement
Pierre
Merci Pierre pour tes réponses, la réflexion et cet échange fraternel. C’est suffisamment rare sur internet pour être grandement apprécié 🙂
Juste pour préciser ma position, avant de laisser la discussion ici (ça ne sert effectivement pas de continuer éternellement) : lorsque j’ai répondu “oui” au salut possible du jumeau hypothétique de Siméon, c’était dans le cas où il avait, lui, entendu l’Evangile (c’est à dire, comme je le précise plus haut, sous la forme accessible à son époque en tenant compte de la révélation progressive de cet Evangile : les promesses de Dieu concernant le Messie, auxquelles Siméon lui-même a cru). C’est pour cela que je ne pense pas voir de contradiction entre mes différentes réponses. Au final, on pourrait résumer ma position ainsi : le salut ne se passe pas au travers de la révélation générale, mais au travers de la révélation spéciale.
Je reconnais que le cas de Corneille pose question. Je n’ai jamais vraiment creusé ça. Mais, là encore, même si c’était le cas, il s’agit d’un passage descriptif, et non prescriptif. La lettre aux Romains me semble assez claire sur la norme de ce à quoi on devrait s’attendre. A la lumière de cela, je ne pense pas qu’il y ait de promesse de salut en dehors de l’accès à la révélation spéciale de Dieu.
Quoi qu’il en soit, merci pour ces échanges et tes encouragements. Je pense qu’on peut terminer avec la citation de David Platt que je mentionne en note bas de page : « On peut discuter toute la journée du sort de ceux qui n’ont jamais entendu l’Evangile, mais le but n’est pas de répondre à cette question. Le but c’est d’éliminer cette question. »
Que le Seigneur t’encourage cher frère dans ton rôle de disciple de Jésus, pour répandre l’Evangile autour de toi !
Bien fraternellement,
Benjamin